La communion et la vie
7. La communion et la vie
¦ Table ¦
Après avoir traité d’autres thèmes, Jean reprend cette question de communion, d’amour mutuel plus loin dans l’épître, au chapitre 3, les versets 14 à 24.
Dans l’exposition de ce thème au début de l’épître, nous
l’avons vu, il a parlé du lien intime qui existe entre la communion avec Dieu
et la communion les uns les autres (1 Jean 1:6-7) En 1 Jean 2:9-11 il a fait le
lien entre l’amour réciproque entre croyants et la capacité de marcher, de
vivre une vie droite, de discerner le chemin.
Le passage du chapitre 3 commence de nouveau par une
affirmation sur l’amour mutuel :
1 Jean 3:14-15 14 Quant à nous, nous savons que
nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons les frères et
sœurs. Celui qui n'aime pas son frère reste dans la mort. 15 Tout
homme qui déteste son frère est un meurtrier, et vous savez qu'aucun meurtrier
n'a la vie éternelle en lui.
Difficile de donner plus d’importance à ces relations :
elles font la différence entre la vie et la mort ! Quand on lit ce genre
de déclarations, on les prend facilement pour des hyperboles, à ne pas prendre
au pied de la lettre. Jean écrit certainement de manière absolue. Il montre la
réalité sans nuances. Mais attention ! Il montre la réalité. On peut dire
d’autres choses sur ce thème que ce qui est dit ici. C’est un peu comme si on
regarde un objet au travers d’un filtre coloré. Il y a des aspects qui sont
masqués parce qu’ils sont d’une autre couleur. Mais ce qui se voit fait totalement
partie de la réalité.
Ne pas aimer mon frère, c’est être mort.
Détester mon frère, c’est être un meurtrier. Non seulement je suis mort, mais j’engendre
la mort.
Sérieux. En fait, ce que je peux appeler « vie »
dans ma vie, c’est ce qui peut être appelé amour. Paul aussi le déclare dans un
passage bien connu :
1 Cor 13:2-3 2 Si j'ai le don de prophétie, la
compréhension de tous les mystères et toute la connaissance, si j'ai même toute
la foi jusqu'à transporter des montagnes, mais que je n'ai pas l'amour, je ne
suis rien. 3 Et si je distribue tous mes biens aux pauvres, si même
je livre mon corps aux flammes, mais que je n'ai pas l'amour, cela ne me sert à
rien.
Qu’est-ce que c’est que l’amour ? Comment maintenir ce
lien entre ma conduite et le fait d’aimer ? C’est le but de l’enseignement
de Jean dans cette épître, et c’est une vaste question et un vaste programme.
Mais ici j’aimerais répondre à une autre question. Pourquoi
est-ce si important d’aimer, au point de dire que cela fait la différence entre
la vie et la mort ?
Au chapitre suivant, Jean fait une déclaration très familière
1 Jean 4:8 8 Celui qui n'aime pas n'a pas connu
Dieu, car Dieu est amour.
Dieu est amour. De toute éternité. C’est sa nature même. Il
était amour avant que l’univers soit créé. Avant qu’aucune créature n’existe.
Dieu est. « Je suis ». Mais son existence
n’est pas passive, stationnaire. Il aime. Le Père aime le Fils et le Fils aime
le Père par le Saint-Esprit de toute éternité. C’est cette relation, cette
dynamique qui est la vie divine. Le Père a un but : glorifier son Fils. Le
Fils a un but : glorifier le Père. Mais pas de la même manière. Ils sont
uns et distincts. Vivre, ce n’est pas simplement exister, c’est cette
dynamique de relation mutuelle. Les évangiles, celui de Jean spécialement,
montrent comment cela se réalise lorsque l’incarnation rend cela visible pour
nous.
Voilà pourquoi aimer mon frère, avoir cette communion
mutuelle entre des personnes distinctes et différentes est la vie. Nous
sommes les reflets de la réalité de Dieu qui est vie de cette manière.
Vivre, c’est aimer l’autre.
Parler ainsi, c’est de la théologie, cela plane, cela manque
de concret. Mais c’est une base nécessaire. Aimer est un terme piégé, avec un
sens ambigu. L'amour selon la bible, c'est quelque chose de très profond.
Être disciple, c’est refléter mon maître. Jean commence par
ces déclarations absolues, mais il oriente ensuite son message pour qu'elles s’incarnent dans nos vies.
Nous le verrons plus tard. Mais avant, voyons au chapitre 4 une
autre de ces déclarations absolues qui commence un nouveau développement du
thème de la communion.