Interlude

4. Interlude

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L’épître de Jean n’est pas facile à lire, en tout cas pour moi. C’est un défi. Il a une approche qui ne correspond pas à la culture occidentale, très structurée, logique, « scientifique » qui m’est familière et dans laquelle nous baignons. Suivre les raisonnements de Paul est plus habituel. Il réfléchit logiquement, pas à pas. Jean est très différent. On a l’impression qu’il tourne en rond, qu’il progresse difficilement, qu’il dit des choses contradictoires.

Un exemple :  Jean déclare péremptoirement

1 Jean 5:18 18 Nous savons que, si quelqu'un est né de Dieu, il ne pèche pas. Au contraire, celui qui est né de Dieu se garde lui-même et le mauvais ne le touche pas.

Pas du tout de péché ? Vraiment ? Mais Jean dit ailleurs

1 Jean 1:8 8 Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous.

L’ approche logique ne convient pas bien. C’est contradictoire. Il faut aborder cela différemment.

Alors comment recevoir l’enseignement de Jean ? Comment communique-t-il ?

En fait l’épître de Jean ressemble à un morceau de musique. Il part d’un petit nombre de thèmes qu’il développe, comme un compositeur classique le fait avec des thèmes musicaux : il en fait l’exposition au début du mouvement, puis les développe dans des reprises variées, révélant les richesses d’un thème et les possibilités multiples dont il est porteur. Le compositeur sait aussi combiner les thèmes, les faire interagir entre eux, les entrelacer. Jean fonctionne de la même manière dans son épître.

Revenons à l’exemple ci-dessus, au sujet du péché. Jean parle du péché tout au long de l’épître, modulant ce thème de diverses manières. Ce n’est qu’en écoutant tous ces divers éléments qu’on arrive à une sorte d’image mentale reflétant la réalité, et qui dépasse ce que le langage rationnel peut exprimer. Jean parle au cœur, il peut toucher le fond de notre personne un peu comme le fait la musique.

Lire Jean peut être un défi pour certains (moi !), mais ce défi amène des bénéfices.

Premièrement, la compréhension rationnelle – si utile et nécessaire qu’elle soit – nous donne l’impression de dominer une question, d’être en contrôle. Par cette approche plus ouverte, itérative, on réalise que la réalité est plus vaste, moins maîtrisable qu’on peut le penser. Cela permet d’éviter le dogmatisme et l’arrogance, et nous protège d’être simpliste. Comme disciples de Jésus, pauvres en esprit.

Deuxièmement, lire Jean avec la conscience de ce mode de communication nous rappelle que notre approche culturelle occidentale n’est pas le seul moyen de communication. D’autres cultures communiquent différemment et sont de nos jours présentes parmi nous. Et dans notre culture, tous ne sont pas à l’aise avec une approche rationnelle. C’est important de comprendre et d’apprendre à respecter ces différences. Si nous voulons, comme disciples, être en communion les uns avec les autres, il y a un effort à faire, une volonté de se comprendre. C’est à rechercher lorsque nous parlons mais aussi lorsque nous écoutons : c’est réciproque. Soyons ouvert ! Nous n’échappons pas à notre culture, mais nous n’en sommes pas prisonniers. Soyons attentifs à cette réalité et comptons sur le Saint-Esprit.

Rester ouvert !

Revenons à notre sujet. Quels sont les thèmes abordés par Jean qu’il va exposer de cette manière « musicale » ?

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