Suivre son exemple

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Prédication Versoix

F. Mayer 20 décembre 2020

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 Jean 13:1-17 Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père et ayant aimé ceux qui lui appartenaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. 2 C'était pendant le souper. Le diable avait déjà mis dans le cœur de Judas l'Iscariote, fils de Simon, l'intention de le trahir. 3 Jésus savait que le Père avait tout remis entre ses mains, qu'il était venu de Dieu et qu'il retournait vers Dieu. 4 Il se leva de table, quitta ses vêtements et prit un linge qu'il mit autour de sa taille. 5 Ensuite il versa de l'eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu'il avait autour de la taille. 6 Il arriva donc vers Simon Pierre qui lui dit : « Toi, Seigneur, tu me laves les pieds !» 7 Jésus lui répondit : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras par la suite.» 8 Pierre lui dit: «Non, jamais tu ne me laveras les pieds.» Jésus lui répondit: «Si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi.» 9 Simon Pierre lui dit: «Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête!» 10 Jésus lui dit: «Celui qui s'est baigné n'a besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur, et vous êtes purs, mais pas tous.» 11 En effet, il connaissait celui qui était prêt à le trahir; voilà pourquoi il dit: «Vous n'êtes pas tous purs.»

12 Après leur avoir lavé les pieds, il reprit ses vêtements, se remit à table et leur dit: «Comprenez-vous ce que je vous ai fait? 13 Vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, car je le suis. 14 Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres, 15 car je vous ai donné un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait. 16 En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son seigneur, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. 17 Si vous savez cela, vous êtes heureux, pourvu que vous le mettiez en pratique.

 

1.     Introduction

Jean 13:14-15 14 Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres, 15 car je vous ai donné un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait

On a là une des instructions les plus directes sur ce que c’est d’être un disciple, un imitateur du maître. C’est une instruction à prendre très au sérieux, comme l’indiquent les trois premiers versets : ce discours est le testament de Jésus, ce que son amour le conduit à faire jusqu’au bout.

Le discours des chapitres 13 à 17 compose ce testament, ses dernières instructions. Mais avant d’enseigner, Jésus va agir, faire un acte concret qui démontre l’attitude nécessaire pour vivre le reste de son enseignement.

Mais alors que signifie cet acte si important de laver les pieds ? Quels sont les actes que je fais pour imiter le maître ? Est-ce que je fais consciemment une chose que je puisse étiqueter « laver les pieds » ? Et pourquoi est-ce si important ?

2.     Le caractère de cet acte

Quel est le sens de cette action dans la culture de cette époque ? C’est un acte d’hospitalité, d’accueil,  de politesse. Dans le cas de ce dernier repas de la pâque pour Jésus, cet acte n’a pas été fait.  Probablement parce que le maître de la maison a simplement prêté le local, comme on le voit dans les autres évangiles (Luc 22:12) Jésus est seul avec les 12. Ceux-ci n’ont pas idée de le faire. Ce n’est pas leur rôle, c’est celui de l’hôte ou du personnel de l’hôte. Quand Jésus le fait, c’est la surprise : ce n’est pas à lui de faire ça !

Je ne vais pas chercher à trouver un équivalent culturel de nos jours, cela devient trop restrictif ou caricatural. Faire le ménage de l’Église,  faire un repas pour un malade, etc. Voyons plutôt la nature de cet acte, ce qui fait réagir les disciples.

·        C’est un acte habituel, commun.
·        C’est un acte secondaire, trop petit pour valoir la peine de le faire. On peut facilement s’en passer.
·        C’est un acte pas gratifiant, qui n’est pas porteur de reconnaissance.
·        C’est un acte qu’on a tendance à considérer comme au-dessous de sa dignité.
·        Mais c’est un acte de service, utile. Cela a du sens.
·        Et c’est une marque de respect pour les hôtes. 

Cela recouvre bien des actes quotidiens dans la famille ou le travail, que l’on fait – ou ne fait pas – presque sans y penser. Beaucoup de ces comportements nous semblent secondaires. Il est important d’en prendre conscience parce que ce sont devenus des automatismes, et cependant c’est là que Jésus nous invite à l’imiter, à le suivre. Il commence même son discours testament par là. Il va poursuivre par des choses plus grandes. Par exemple un peu plus loin

Jean 15:13 : il n’y a pas de plus grand amour que de donner votre vie pour vos amis

Jésus veut nous montrer qu’aimer n’est pas seulement extrême mais commence par des choses tout ordinaires.

En fait l’extrême ne sera possible si on vit ce qui est simple. Pourquoi ?  Parce qu’il faut s’exercer en commençant petit ? Parce que c’est un chemin de progrès ? Oui, mais c’est plus profond que ça. Pour donner sa vie pour ses amis, il faut un cœur nouveau, une vie nouvelle. Ce n’est pas naturel, même si ce n’est pas impossible. Mais c’est aussi vrai de ces choses toutes simples. Ce n’est pas plus naturel de « laver les pieds » que de donner sa vie pour ses amis, ou d’aimer ses ennemis.

·        Quelles sont les réactions naturelles dans ces choses quotidiennes ?
·        Lorsque vous demandez aux enfants de participer aux corvées familiales ?
·        Procrastiner et se trouver des excuses pour éviter des actions non gratifiantes.
·        Mettre en priorité les choses qui me rapportent avant de penser au bénéfice pour les autres.
·        Je suis tout simplement paresseux.

Cette liste n’est pas pour nous culpabiliser mais pour nous faire prendre conscience de notre réalité. Nous sommes en fait et bien concrètement pauvres en esprit. Même avec la vie nouvelle. Ces comportements sont profondément ancrés dans notre nature.

Pourquoi Jésus commence son enseignement par ce point-là ?

Il attire notre attention sur l’attitude d’un disciple dans le quotidien parce que c’est là que l’on peut constater où nous en sommes. Ce n’est pas tous les jours que l’on donne sa vie pour ses amis, mais c’est tous les jours que l’on se frotte aux autres dans les détails quotidiens de la vie.

Qu’est-ce que cette attitude révèle ? Quels sont les caractères profonds qui permettent d’agir ainsi et que Jésus démontre par son action ? J’en vois deux. Premièrement l’humilité. Deuxièmement la liberté. Pourquoi la liberté ? Parce que Jésus peut accomplir cet acte sans aucune contrainte intérieure. Contrairement aux disciples qui se rebifferaient. Il y a un lien fondamental entre ces deux attitudes : l’humilité permet la liberté.

L’humilité permet la liberté

La liberté pour servir, la liberté pour aimer concrètement.

Libéré pour servir, libéré pour aimer

Tout cela n’est pas pour nous culpabiliser, mais pour nous encourager. De quelle manière ce passage est-il encourageant ?

3.     Le sens caché de cet acte

Si nous sommes pauvres en esprit, profondément biaisés, comment alors entrer dans ces réalités si contraires à notre instinct ?

En fait Jésus n’a pas choisi cet acte de laver les pieds au hasard. Il y a une leçon particulière derrière cette action, un sens caché, comme une parabole.

Jean 13:6-11 6 Il arriva donc vers Simon Pierre qui lui dit : « Toi, Seigneur, tu me laves les pieds !» 7 Jésus lui répondit : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras par la suite.» 8 Pierre lui dit: «Non, jamais tu ne me laveras les pieds.» Jésus lui répondit: «Si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi.» 9 Simon Pierre lui dit: «Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête!» 10 Jésus lui dit: «Celui qui s'est baigné n'a besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur, et vous êtes purs, mais pas tous.» 11 En effet, il connaissait celui qui était prêt à le trahir; voilà pourquoi il dit: «Vous n'êtes pas tous purs.»

Remarquez : il fait une distinction entre un bain et ce lavage. Ce bain correspond à la nouvelle naissance (que Judas n’a pas connue). Les disciples sont purs. Les péchés sont ôtés. La vie nouvelle est là, reçue en conséquence de l’œuvre de la croix que Jésus est sur le point d’accomplir. Elle est indispensable pour vivre comme disciple, comme des imitateurs de Jésus, que ce soit pour donner sa vie pour ses amis ou pour leur « laver les pieds », dans le quotidien.

Mais il reste une autre chose qui est nécessaire face au péché et à cette réalité : je suis pauvre en esprit, plombé par mes réactions naturelles.

Jésus le dit ici au verset 8 : si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi.

Pas de part, pas de communion, pas participation à son œuvre, pas de témoignage, pas être disciple, pas de capacité d’agir comme Jésus, dans des actes concrets comme celui que Jésus accompli ici.

Nous manquons. Nous nous salissons constamment. Alors Jésus doit nous laver, constamment.

Qu’est-ce que cela veut dire qu’il nous lave ? Comment le fait-il ?

Ce passage en donne une merveilleuse illustration.

Au verset 7, Jésus parle à Pierre

Jean 13:7 7 Jésus lui répondit : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras par la suite.»

« Par la suite ». Quand Pierre comprendra-t-il ce que Jésus a fait, comment il lui a « lavé les pieds » spirituellement ?

On l’a entendu l’autre dimanche dans Jean 21. « M’aimes-tu ? » Le soin que Jésus prend de Pierre pour le nettoyer de sa culpabilité de l’avoir renié. Pour le libérer pour servir. Mais encore, avant même ce moment, on a le regard de Jésus, les avertissements de Jésus

Luc 22:59-62 59 Environ une heure plus tard, un autre insistait, disant: «Certainement cet homme était aussi avec lui, car il est galiléen.»60 Pierre répondit: «Je ne sais pas de quoi tu parles.» Immédiatement, alors qu'il parlait encore, un coq chanta. 61 Le Seigneur se retourna et regarda Pierre. Pierre se souvint alors de ce que le Seigneur lui avait dit: «Avant que le coq chante [aujourd'hui], tu me renieras trois fois.» 62 Il sortit et pleura amèrement.

Le coq chante, Jésus regarde. Et encore

Luc 22:31-32 31 Le Seigneur dit: «Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. 32 Mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne disparaisse pas; et toi, quand tu seras revenu à moi, affermis tes frères.»

Jésus agit pour que nous ne soyons pas écrasés et arrêtés par nos péchés et notre faiblesse. Trop souvent je ne « lave pas les pieds » de mon prochain, mais Jésus lui me lave les pieds spirituellement. Il s’occupe de moi : avertissement, regard de tristesse, rétablissement de relation, encouragement… Toutes ces choses font partie de son intercession.

Là est la clé, ou plutôt le chemin qui me permet d’être disciple, de porter du fruit, d’avoir l’attitude de Jésus dans les grandes et dans les petites choses. Pour laver les pieds de mes amis comme pour donner ma vie pour mes amis, j’ai besoin de Jésus et Jésus est présent et actif pour moi. Mon espoir, ma foi, ma confiance, c’est lui, c’est sa fidélité. Il me sauve jusqu’à l’achèvement.

Heb 7:25 25 Par conséquent, il peut aussi sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu à travers lui, puisqu'il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur.

Jésus agit aujourd’hui

Comment ? Face à nos péchés, à nos faiblesses, à nos erreurs, notre aveuglement, notre obstination, notre paresse, Jésus ne condamne pas, il m’avertit, il ne se lasse pas, mais il se remet à l’ouvrage avec persévérance et fidélité. Quoi qu’il advienne, je ne le crois pas qu’il soit en colère contre moi, mais plutôt triste et rempli de compassion. Il sait que nous sommes pauvres en esprit et plongé dans un monde hostile. Triste ?

Luc 15:10 10 De même, je vous le dis, il y a de la joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.

Il se réjouit de pardonner ! Nos progrès, si faibles parfois, le remplissent de joie.

Heb 4:15-16 15 En effet, nous n'avons pas un grand-prêtre incapable de compatir à nos faiblesses; au contraire, il a été tenté en tout point comme nous, mais sans commettre de péché. 16 Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce afin d'obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun.

Un sauveur si proche, compatissant, plein de compassion et de grâce, totalement pour nous !

 

En résumé ?

Pour entrer dans cette réalité, pour être un disciple de Jésus, reconnaître d’abord que je suis pauvre en esprit et compter sur lui. Le laisser me transformer, accueillir sa grâce et sa compassion, mais en réalisant que cela passe par des choses humbles, faibles, discrètes, pas glorifiantes, mais centrales pour être un disciple de Jésus. C’est là que je le rencontre.

Jésus se rencontre dans l’ordinaire

 

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